La FQPPU affirme le rôle crucial de l'ensemble des
établissements du réseau universitaire que le Québec s'est donné afin de
répondre aux attentes de la société québécoise. Elle partage la
conviction maintes fois exprimée par de nombreux représentants de la société
québécoise selon laquelle l'enseignement supérieur joue un rôle fondamental
dans le développement d'une société libre et démocratique.
Par l'enseignement, la recherche, la création et les
services à la collectivité, les universités contribuent à préparer les
personnes qui, à titre de citoyennes, citoyens, travailleuses et travailleurs,
façonnent la société et préparent son avenir.
Dans une société en constante transformation, la FQPPU
considère que l'université doit préserver ce qui la distingue et la caractérise
en prenant acte des attentes sociétales, mais sans se laisser envahir par une
multitude de demandes fragmentées et pointues susceptibles de la détourner de
ses missions fondamentales.
Qu'est-ce que la société québécoise gagnerait
d'universités qui se confondent avec des entreprises à vocation
commerciale ? Et, plus encore, qu'est-ce que la société perdrait si sa
seule institution vouée au développement d'un savoir libre et critique perdait
cette fonction ?
L'enseignement
Le rôle privilégié de l'université dans la production
et la diffusion du savoir impose une réflexion préalable sur le sens de
l'enseignement universitaire.
L'enseignement universitaire vise à former des humains
cultivés et éclairés, des personnes capables de contribuer au développement
social, culturel, politique et économique de la société. Il vise à former
des personnes qui pourront effectuer des choix informés et s'adapter aux
transitions professionnelles et autres tout au long de leur vie, des personnes
possédant des bases solides leur permettant de poursuivre leur apprentissage,
qu'il s'agisse d'études de 2e ou de 3e cycle ou tout autre type de perfectionnement.
Les universités semblent présentement incitées à
former le plus rapidement possible des travailleuses et travailleuses répondant
aux attentes d'entreprises productivistes, des chercheures et chercheurs
répondant aux exigences de pourvoyeurs de fonds ayant des intérêts commerciaux
à court terme. Cette obsession de former des acteurs économiques plutôt
que des personnes aptes à prendre en main leur vie personnelle et
professionnelle tout en contribuant à la construction d'une société libre et
démocratique est non seulement contestable, mais très inquiétante pour l'avenir
du Québec.
En définitive, l'enseignement universitaire ne doit
pas tout donner à la seule formation de personnel qualifié dans le but de
répondre à des attentes immédiates. L'enseignement universitaire doit en
quelque sorte se conjuguer aux trois temps : passé, présent et futur, car
il a pour buts la conservation, la transmission et la production de la
connaissance. L'hypertrophie de l'un de ces trois buts (comme par exemple, dans
l'obsession de l'innovation, le recul de la conservation du savoir)
déséquilibre dangereusement le sens de l'enseignement supérieur.
La recherche
Le rôle privilégié de l'université dans la production
et la diffusion du savoir s'appuie sur une réflexion touchant la nature de la
recherche universitaire.
La recherche universitaire est de première importance
pour le développement de la société. Depuis sa fondation, la FQPPU a
fortement réclamé la valorisation et le maintien de l'intégrité et de la
spécificité de la recherche universitaire. Celle-ci doit être pertinente,
au sens où elle se doit de contribuer à la connaissance de l'être humain et de
ses rapports au monde. Cette idée de la recherche universitaire suppose
une liberté d'entreprendre et de conduire des recherches sur des sujets qui ne
sont pas immédiatement reliés à des impératifs économiques, à leur utilité
immédiate et à leur rentabilité financière.
Tout en reconnaissant l'importance de la contribution
de la recherche à la solution de problèmes réels, la FQPPU considère que les
problèmes et la recherche de solutions immédiates ne peuvent prescrire aux
universités et aux professeures et professeurs des orientations et des
décisions en matière de recherche universitaire.
Le Colloque Politique(s) et recherche universitaire1
tenu par la FQPPU au printemps 2006 a permis d'initier un état de la question
relative à la recherche universitaire et de constater certains des effets de la
radicale transformation qui s'est opérée sous l'impulsion des politiques et des
modes de financement.
La pression croissante des impératifs commerciaux sur
les orientations et les choix stratégiques en matière de recherche
universitaire, articulés concrètement au moyen des exigences et des procédures
imposées aux professeures et professeurs pour l'obtention de financement,
réduit la diversité de la recherche et appauvrit l'ensemble de la recherche
universitaire.
Cela se manifeste clairement dans les impacts sur les
disciplines, les objets de recherche, la bureaucratisation des processus et
l'alourdissement de la tâche au plan de l'organisation et de la gestion de la
recherche et ce, au détriment des activités de recherche proprement
dites.
Les indicateurs quantitatifs de la production en
recherche et leur importance déterminante pour la carrière professorale
contribuent à voiler de plus en plus l'information et l'évaluation de la
qualité et de la pertinence de la recherche universitaire.
Le document du CSE exprime explicitement le souhait de
débattre des partenariats entre l'université et les entreprises. À ce propos la
FQPPU considère que le réseau universitaire et les établissements n'ont certes
jamais négligé de rendre à la société des services qu'elle est en droit de
recevoir de la part d'établissements financés par des fonds publics.
Les universités ont aussi formé des personnes qui,
devenues des travailleuses et travailleurs, mettent leurs compétences au
service de leurs employeurs.
Les universités ont abrité des chercheures et chercheurs
qui ont livré leurs savoirs et découvertes aux utilisateurs dans tous les
domaines. Nul ne remet en question que les universités soient les foyers
où se développent et se transmettent des connaissances utiles et qu'il est bien
qu'il en soit ainsi.
Ce qui interpelle la FQPPU et questionne sa conception
de l'université, c'est une certaine tendance à l'instauration de mécanismes
visant à mettre les universitaires au service d'une fraction de la société,
celle qui s'est acquis les moyens financiers lui permettant d'imposer ses
projets et ses besoins.
Cela a pour effet de reléguer à la marge les autres
types de recherche, à savoir la recherche fondamentale, la recherche libre (non
subventionnée, individuelle ou de groupe), voire la recherche en partenariat
qui ne dispose pas d'un financement (soit autonome ou en provenance des fonds
orientés).
Il faut
questionner, par exemple, la tendance forte chez les organismes
subventionnaires à ne subventionner que les recherches en équipes :
l'université, dans son essence même, doit favoriser le pluralisme dans les
types de recherches, et les organismes subventionnaires devraient répondre à
cette exigence essentielle, au lieu d'imposer des orientations
réductrices.
Il faut aussi s'interroger sur les difficultés suscitées
par l'incapacité de maintenir un taux de subventions pour les nouvelles
professeures et nouveaux professeurs recrutés dans les universités, ce à même
des budgets qui ne croissent pas au rythme des besoins et des attentes.
Les taux de succès aux concours pour l'obtention de
fonds de recherche diminuent, affectant directement les possibilités de
recherche pour les professeures et professeurs, les bourses pour les étudiantes
et les étudiants.
En outre, les décisions fédérales en matière
d'infrastructures et de recherche ont engagé le Québec et les universités
elles-mêmes à allouer des fonds d'appariement qui ont eu pour effet de modifier
les priorités de recherche et l'attribution des budgets dans les universités,
provoquant ainsi des effets structurants qui ne sont pas issus de décisions
démocratiques au sein des établissements.
Les professeures et professeurs revendiquent le droit
d'être les maîtres d'œuvre de leurs orientations de recherche, chacun et
chacune étant bien conscient que l'univers social et scientifique dans lequel
il travaille est en constante transformation. Les professeures et
professeurs souhaitent interroger leurs pratiques et les modifier à la lumière
des besoins de la société et de ses composantes sans pour autant se faire imposer
un rôle d'exécutant.
Cela nous amène à souligner le rôle que doivent
assumer les professeures, professeurs, étudiantes, étudiants et l'ensemble du
personnel académique dans la conduite des affaires universitaires.
La conduite des
affaires universitaires
L'idée d'université, en particulier ses missions
fondamentales que sont l'enseignement et la recherche devrait, selon la FQPPU,
confirmer la prédominance des enjeux académiques dans le processus de décision
et de gestion des universités.
Les services administratifs ainsi que tous les
services de soutien interne devraient être organisés afin de répondre aux
exigences de l'offre de programmes et d'activités d'enseignement et de
recherche de qualité.
Il est difficile d'ignorer qu'une tendance bien
différente s'impose présentement dans les universités. Sans être
nécessairement planifiée, cette tendance est sans contredit encouragée par la
mise en place de mécanismes de gestion qui, d'une part, privilégient des critères
autres qu'académiques pour la prise de décision et, d'autre part, rendent de
plus en plus exigeante la participation aux processus décisionnels. Dans
certains cas, celle-ci devient presque impossible pour quiconque n'y consacre
pas la majeure partie de son temps.
La FQPPU défend la collégialité comme valeur
fondamentale de l'administration des affaires universitaires et considère
essentielle la participation équitable des professeures, professeurs,
étudiantes, étudiants et du personnel académique aux diverses instances
décisionnelles. Cela suppose des conditions qui paraissent de plus en
plus en péril, voire inexistantes, dans plusieurs établissements
universitaires.
Les valeurs de l'institution universitaire
L'université, un service public
La FQPPU s'exprimait en 2004 sur le sens à donner au
savoir et à la connaissance dans la société actuelle.
« Le savoir contribue au bien-être et à la prospérité
collective ; mais la connaissance vise également à comprendre l'être humain et
tout ce qui le caractérise (son univers, son environnement, ses productions
artistiques, etc.) dans un contexte de liberté et de développement de la pensée
critique. L'université – et c'est ce qui la distingue des autres lieux où se développe
le savoir – ne vise pas seulement les effets économiques de la connaissance et
n'obéit pas exclusivement au principe de rendement.
[] Il importe, plus que jamais, de souligner que «
éduquer » appelle, étymologiquement, une sortie « hors de soi » ; notre mission
éducative s'applique aux personnes, certes, mais à la société elle-même, que
l'université a le devoir d'amener plus loin que la réalité immédiate ou à court
terme. »
Cette conception du savoir exige des institutions
qu'elles valorisent le travail intellectuel et les conditions de son exercice,
non seulement dans le discours mais bien par leurs pratiques.
Le lien indissociable enseignement-recherche,
caractéristique fondamentale de l'institution universitaire
La qualité est au cœur de la mission
universitaire. Elle repose sur le lien fondamental qui existe entre
l'enseignement et la recherche. Ce lien est le plus à même de garantir le
développement et la transmission d'un savoir critique qui s'appuie sur des
bases solides : acquisition de connaissances, développement de l'esprit
scientifique, capacité de questionner les certitudes et d'exercer sa
créativité.
Le lien fondamental entre l'enseignement et la
recherche n'est pas réservé aux cycles supérieurs, mais il doit pouvoir être
présent à tous les cycles, et ce, dans la mesure où la recherche contribue à la
formation de base des étudiantes et étudiants, à leur capacité d'évaluer les
connaissances mais aussi au développement de l'autonomie intellectuelle qui
constitue désormais une exigence incontournable pour qui veut favoriser le
développement de la capacité des individus à s'adapter tout au long de leur vie
professionnelle.
La qualité de l'enseignement supérieur repose aussi
sur la pertinence et la diversité des programmes d'études et de recherche
proposés, sur l'offre de formations qui permettent aux étudiantes et étudiants
de s'adapter à des besoins changeants et de se renouveler, sur les
qualifications et les conditions de travail des professeures et professeurs,
sur l'encadrement et des conditions d'apprentissage pour les étudiantes et les
étudiants;
La qualité de la recherche universitaire dépend de
plusieurs facteurs, mais essentiellement d'un environnement de travail propice
à assurer aux personnes engagées dans la recherche les conditions nécessaires à
l'exercice de la créativité, de la rigueur scientifique et de la pensée
critique.
Il est opportun de se rappeler, en conclusion, que les
universités ne se composent ni d'enseignants ni de chercheurs, mais de
professeures et professeurs, c'est-à-dire de personnes dont la tâche consiste
tout à la fois et par conséquent de manière indissociable à joindre les
activités d'enseignement et de recherche. Une séparation des deux volets de la
tâche porte atteinte à l'intégrité de la notion de professeur et, partant, de
l'université elle-même.
L'autonomie des universités et la liberté universitaire
La FQPPU reconnaît l'autonomie des universités et la
liberté universitaire comme des conditions essentielles à la réalisation de la
mission d'enseignement et de recherche.
Dans la mise en œuvre de leur mission, les universités
doivent pouvoir choisir leurs propres orientations stratégiques et avoir pleine
autorité sur leurs modes de fonctionnement et de gestion, ainsi que sur leurs
programmes d'enseignement, leurs activités de recherche et les services
qu'elles fournissent à la collectivité. En effet, comment une université
peut-elle former des citoyens autonomes, enrichir nos savoirs et contribuer au
développement de la société civile si elle n'est pas elle-même autonome?
La FQPPU reconnaît aux professeures et professeurs une
double responsabilité rattachée à la liberté universitaire. Dans l'université
reconnue comme un espace de collégialité, les professeures et professeurs sont
engagés directement dans de nombreuses instances décisionnelles dont ils
assument ou partagent avec d'autres la responsabilité. L'université est ensuite
un espace de liberté où les professeures et professeurs doivent assumer les
responsabilités de conserver une distance critique par rapport à la société et
au gouvernement et de continuer d'exercer leur libre choix en matière d'enseignement
et de recherche.
L'autonomie des universités et la liberté
universitaire n'ont de sens que si elles peuvent s'exercer pleinement et que si
les individus qui en sont les dépositaires ont accès aux moyens et aux
ressources nécessaires pour assumer cette double responsabilité de la
collégialité et de la distance critique.
Pour y parvenir, les universités ont besoin d'être
correctement financées et soustraites aux pressions et contingences directement
reliées à la conjoncture budgétaire et au financement des activités de
recherche et d'enseignement.
La présente consultation trouve ici toute son
importance, car la spécificité de l'enseignement et de la recherche
universitaires que nous avons proposée jusqu'à présent s'incarne dans les
instances de pouvoir qui assurent le gouvernement des universités.
Dans le
cadre de notre « société du savoir » (qui se traduit trop souvent par
une « économie du savoir »), les pressions sont très fortes, de la
part de l'État et des acteurs économiques, pour que le lieu même où se crée ce
savoir, l'université, réponde à des exigences trop souvent réduites aux
impératifs socio-économiques immédiats. Il ne s'agit pas de nier cette
nécessité, mais de ne pas en faire le mobile principal de la mission
universitaire. Voilà pourquoi il importe que la « gouverne » des universités, à
toutes les instances, prenne en compte le rôle historique et culturel des
universités, en sus de leur fonction socio-économique.
L'autonomie des
universités ne sera assurée et préservée qu'à cette seule condition où,
partout, celles et ceux qui exercent le pouvoir, politiciens, hauts
fonctionnaires, recteurs, etc., évitent de faire entrer cette institution
séculaire dans des contraintes spatio-temporelles réductrices. L'université est
imputable, certes, vis-à-vis de la société ; mais en retour, notre société
sera imputable vis-à-vis de l'histoire de ce qu'elle aura fait des institutions
universitaires.
L'accessibilité aux études
La FQPPU reconnaît le rôle des universités dans
l'offre de services accessibles à toutes celles et à tous ceux qui ont le
désir, les aptitudes et la préparation nécessaire pour être admis à
l'université.
L'accessibilité est une responsabilité partagée.
Les universités ont celle de développer, d'adapter, d'offrir et de maintenir
des programmes d'études répondant aux besoins des personnes et de la
société.
Cette responsabilité nécessite que l'on consente aux universités
des moyens et des ressources suffisantes pour assurer la diversité des programmes,
d'une part sur l'ensemble du territoire et d'autre part en fonction des
créneaux spécifiques de chaque établissement. Elle présuppose aussi un
engagement de l'État à reconnaître et à appuyer cette diversité des besoins et
des intérêts de la société, au-delà de considérations marchandes, afin
d'enrichir le patrimoine collectif et d'accompagner la société dans son
développement.
Contribuer à l'accessibilité aux études peut aussi
exiger des universités qu'elles répondent à des besoins spécifiques, étant
entendu que ces demandes additionnelles ne mettent pas en péril
l'accomplissement de la mission d'enseignement de base et que les universités
disposent de moyens adéquats pour répondre à ces attentes.
La FQPPU considère essentiel que l'État complète ses
engagements envers les universités par un soutien approprié à l'endroit des
étudiantes et étudiants afin de leur assurer les moyens de réussir leurs
études. Il se doit d'aplanir les obstacles financiers et géographiques de
manière à ce que celles et ceux qui en ont le désir et les capacités puissent
poursuivre et réussir les études supérieures de leur choix.
Les objectifs d'accessibilité aux études supérieures
seront atteints à la condition qu'il soit démontré qu'aucune étudiante, aucun
étudiant québécois n'a renoncé à ses études ou les a abandonnées prématurément
pour des raisons financières ou à cause de l'absence d'un encadrement adéquat
de la part du personnel académique des universités.
À ce propos, la FQPPU
ne connaît aucune étude sérieuse relative à la problématique de l'accessibilité
aux études supérieures prenant en compte l'ensemble des facteurs qui favorisent
une réelle accessibilité à la réussite.
Tout apprentissage nécessite du temps et des moyens
qui peuvent varier selon les personnes.
Compte tenu de la diversité des
populations étudiantes, le soutien apporté aux personnes qui poursuivent des
études universitaires devrait être adapté à des exigences variées. Le
gouvernement pourrait rater l'occasion de contribuer efficacement à la réussite
des études supérieures d'un pourcentage significatif de la population
québécoise s'il ne prenait pas en considération les exigences requises pour la
poursuite d'études supérieures à différents âges de la vie, par exemple s'il
continuait à accorder ce soutien uniquement dans les cadres relativement
restrictifs du système de prêts et bourses et à priver les universités des
moyens d'un encadrement adapté aux différentes catégories d'étudiantes et
étudiants.
Les pratiques administratives et les mécanismes de la
« gouverne » des universités
En dépit du fait que les universités puissent se
développer selon des modèles parfois différents et posséder des
caractéristiques particulières, la FQPPU considère qu'elles doivent toutes
maintenir les valeurs énoncées plus haut qui constituent l'essence de
l'université. Certes, les universités possèdent des caractéristiques
propres, liées à la diversité des choix académiques, aux facteurs
géographiques, etc.
Toutefois, la FQPPU croit qu'elles représentent avant tout
une institution sociale, un service public où l'enseignement et la recherche,
indissociables, visent à l'avancement du savoir critique. La pluralité des
modèles ne devrait jamais faire l'économie de ce rôle unique de l'université
dans la société.
Par ailleurs, constatant la croissance des
établissements et la complexité croissante de la « gouverne » des
universités, la FQPPU reconnaît l'importance de doter les institutions de
mécanismes rigoureux et efficaces, toutefois elle ne peut souscrire à ceux qui
alourdissent inutilement la gestion quotidienne ou entraînent des procédures
managériales et bureaucratiques qui l'éloignent de la « logique »
universitaire.
Le respect intégral des missions et des valeurs universitaires
doit guider les universités dans l'adoption de leurs pratiques administratives,
lesquelles devraient être au service de l'accomplissement des missions
d'enseignement et de recherche. La mise en place de telles pratiques
constitue une responsabilité partagée en particulier par les gouvernements, les
administrations universitaires et les professeures et professeurs.
Les différents paliers de gouvernement doivent d'abord
adopter des politiques à la fois cohérentes entre elles et cohérentes avec les
missions universitaires.
Si l'État semble reconnaître l'enseignement
supérieur comme prioritaire pour le développement social, culturel, politique
et économique, il n'accorde pas nécessairement aux établissements les moyens
d'accomplir leurs missions. Il néglige en particulier d'octroyer un financement
de base qui assure leur réelle autonomie et les incite à coopérer entre elles
plutôt qu'à se concurrencer. Au cours des dernières années la compétition
s'est intensifiée tant pour les « clientèles » que pour les subventions de
recherche, certainement à des coûts et pour des résultats qui ne servent pas
nécessairement au mieux les intérêts et les aspirations de la population
québécoise.
Les établissements universitaires, pour lesquelles la
FQPPU revendique l'autonomie, doivent s'assurer de privilégier des pratiques
internes qui soient au service de l'accomplissement des missions universitaires
telles que définies. De multiples indices font planer des doutes sur la
volonté des universités de préserver des pratiques favorisant une participation
réelle et significative des professeures et professeurs aux décisions qui
portent sur les orientations et les mécanismes de la gestion des
universités.
La présence de professeures et professeurs à des comités et
à des instances consultatives ou décisionnelles ne garantit pas à elle seule
leur capacité effective de contribuer à la conduite des affaires
universitaires. Ceux-ci doivent pouvoir compter sur un contexte qui
permet de développer et d'exercer leur jugement critique par rapport aux
dossiers et aux décisions qui sont prises aux différentes instances.
Les professeures et professeurs, comme acteurs
centraux de la vie universitaire, ont la responsabilité de contribuer à
l'élaboration des orientations et à la mise en œuvre concrète des missions
universitaires. Toutefois, dans la conjoncture actuelle, seule une
reconnaissance équitable des différents volets de la tâche et des procédures
adaptées permettra de maintenir la capacité des professeures et professeurs à
jouer le rôle attendu aux diverses instances collégiales des universités.
En ce sens, des pratiques de gestion managériale et budgétaire tendent à
favoriser des décisions essentiellement sur des bases monétaires et
quantitatives, des évaluations coûts-bénéfices de nature marchande,
l'uniformisation des procédures dans des domaines fort différents ainsi qu'une
bureaucratisation et des normes de contrôle qui alourdissent les processus et
provoquent même des interférences entre des finalités recherchées et les moyens
pour y parvenir.
À titre d'exemple, les organismes subventionnaires de
la recherche, provinciaux comme fédéraux, tendent à instaurer des procédures
qui rendent difficiles, voire impossibles, l'obtention de fonds aux chercheures
et chercheurs autonomes ou sans attache avec de grosses équipes de
recherche.
Ils tendent à uniformiser les procédures dans tous les
domaines de la connaissance alors que les moyens nécessaires et les contraintes
à surmonter pour mener des recherches en lettres, en sciences humaines et en
sciences bio-médicales, par exemple, sont de toute évidence bien différents.
L'uniformisation des procédures empêche que soient pris en considération des
exigences propres à certains types de projets, par exemple une perspective à
plus long terme, des mécanismes d'évaluation de la performance tenant compte de
la diversité des modes de transfert des connaissances adaptées aux types de
recherche, aux objets de recherche, aux publics cibles de la diffusion.
Valorisation de la profession
Les études menées par la FQPPU4 de même que les
informations recueillies dans le cadre de ses activités courantes soulèvent des
inquiétudes quant à la valorisation de la fonction professorale à
l'université.
Alors que les professeures et professeurs ont revendiqué
pendant les années 1990 que leur contribution à la recherche soit plus
amplement reconnue et valorisée, des témoignages et indices montrent que cette
tendance se serait renversée au cours des années 2000. Le volet enseignement
de la tâche professorale paraît souffrir d'une dévalorisation qui n'est pas
sans conséquence sur plusieurs aspects de la vie universitaire. L'impact
se fait sentir sur les déséquilibres entre les disciplines, entre les
départements ou facultés, compte tenu de leurs « performances » en recherche et
sur la progression dans la carrière professorale.
L'attention
particulière portée à la recherche tend aussi à réduire la disponibilité des
professeures et professeurs pour la gestion collégiale au sein des diverses
instances de l'université. La pression exercée sur les professeures et
professeurs afin qu'ils affichent leur réussite en recherche rend difficile la
reconnaissance équitable de pondérations variables des différents volets dans
la tâche professorale, Elle a aussi comme conséquence de décourager
des collaborations et d'inciter à adopter des attitudes et comportements
compétitifs.
Mécanismes de régulation des universités
Structure décisionnelle des universités
Participer aux divers comités et instances qui
préparent la prise de décisions à toutes les étapes de l'administration dans
les universités constitue une fonction essentielle du corps professoral.
Par leurs représentants ayant une expérience concrète du travail académique,
les professeures et professeurs apportent un éclairage utile à la prise de
décisions. Si la FQPPU reconnaît la fonction décisionnelle des conseils
d'administration des universités, elle leur reconnaît aussi l'obligation de
tenir compte des avis éclairés fournis par les instances qui sont mandatées
pour faire des recommandations.
À tous les échelons de la vie universitaire, des
professeures et professeurs sont présents et leur participation s'inscrit dans
une conception de la conduite des affaires universitaires qui place la
collégialité au cœur de l'exercice du pourvoir dans les universités.
Exercice difficile et devenu périlleux dans le contexte de la compétition
effrénée, la collégialité demeure une valeur essentielle du milieu académique
et de l'université. C'est pourquoi la FQPPU accorde une importance
primordiale aux conditions dans lesquelles travaillent les professeures,
professeurs et le personnel académique. Un contexte qui valorise des
rapports exempts de harcèlement psychologique et favorise l'exercice des
libertés académiques à l'abri de pressions indues de la part d'influences
externes paraît essentiel à l'exercice de la collégialité. Une étude
récente de la FQPPU montre toute la difficulté de préserver un tel contexte dans
la conjoncture actuelle. 5
La collégialité s'exerce de manière particulière au
sein des assemblées départementales, au sein des facultés qui se donnent leurs
propres règles afin de débattre et de faire des recommandations qui auront un
effet déterminant sur la carrière de leurs membres, depuis leur recrutement
jusqu'à leur retraite. Elle s'exerce aussi de manière partagée avec
les étudiantes, étudiants, d'autres groupes professionnels, voire des
représentants du milieu socio-économique dans des instances responsables des
programmes d'études et de recherche.
La FQPPU considère essentiel que ces pratiques de
consultations, recommandations, décisions soient maintenues, voire améliorées
dans le respect des valeurs universitaires. Sur la base de son histoire
et de sa culture organisationnelles, chaque université devrait être en
mesure de questionner ses propres pratiques de manière à faciliter la
participation de celles et ceux qui font l'université, à savoir prioritairement
les professeures, professeurs, étudiantes et étudiants ainsi que l'ensemble des
personnels académiques. À cet égard, les procédures de désignation aux
postes de gestion académique et aux instances administratives et de
recommandation constituent des moments clés pour la participation effective des
professeures et professeurs aux mécanismes de régulation des universités.
Évaluation des programmes
La FQPPU reconnaît que les programmes doivent être
évalués et modernisés afin de répondre aux besoins sociétaux tout en s'assurant
qu'ils préservent leur qualité au plan des fondements disciplinaires.
Toutes les universités se sont dotées de procédures
d'évaluation et de modification de leurs programmes. Il importe qu'elles
disposent de la volonté et des ressources de les mettre en œuvre de manière
régulière et systématique et que les processus prévoient la contribution de
toutes les parties concernées par la qualité des programmes : corps
enseignement, étudiantes et étudiants, employeurs et autres
organisations. Rien ne laisse supposer que les processus d'évaluation
de programmes ne remplissent pas leur fonction.
Toutefois, est-il
possible d'ignorer l'existence de pressions relatives aux « clientèles »
et l'attrait financier qu'elles suscitent? En outre, la volonté de
répondre aux besoins, en particulier par des modifications de programmes, par
leur fragmentation en mini-programmes ou par l'offre de programmes très ciblés
à des « clientèles » particulières, ne devrait pas se traduire par des effets
sur la structure et le contenu des programmes de base ni entraîner la
prépondérance d'objectifs à court terme dans l'évaluation de programmes de
base.
Les programmes existent pour répondre à des besoins précis, certes, mais
aussi pour développer l'esprit critique en regard des demandes sociétales et
permettre l'évaluation de leurs conséquences sur la société à court ou à moyen
terme, ce qui constitue leur coloration proprement universitaire.
Autrement dit, les programmes universitaires, particulièrement dans le cadre
des rapprochements avec les entreprises privées ou en réponse à des besoins
précis de formation de personnel, ne devraient jamais perdre de vue le
caractère distinctif de la formation universitaire.
Celle-ci vise, certes,
l'acquisition des connaissances mais, aussi, à en dégager le sens. En clair,
cela signifie que dans une université, on ne fait pas qu'enseigner la grammaire
française ; on assortit cet enseignement d'une perspective sur l'histoire
de la langue ou sur les incidences idéologiques (sexistes, par exemple) du
langage. Tout programme universitaire devrait, lorsque cela convient, inclure
cette dimension essentielle.
Rapports universités-entreprises
La FQPPU tenait en 1998 un colloque sur La Recherche
universitaire et les Partenariats6. Dans le cadre du colloque, le thème
des partenariats fut abordé de manière globale et dans la perspective de mieux
saisir les enjeux et conséquences de certaines solutions envisagées à la crise
du financement des universités.
Les partenariats de tous types étaient alors perçus
comme des sources possibles de soutien aux activités universitaires et les
participantes et participants invitaient la FQPPU à :
« s'engager, en concertation avec les partenaires,
dans un effort de réflexion sur les partenariats et autres formes
organisationnelles nouvelles, dans le but:
Rappelant par ailleurs le cadre et les valeurs devant
présider à ce travail, les participantes et participants rappelaient
l'importance de :
Les suites ont montré que la recherche est devenue
prioritaire dans la vie des universités et dans la carrière des professeures et
professeurs, que ses mécanismes de financement ont été grandement transformés.
Le plus récent colloque de la FQPPU, Politique(s) et recherche universitaire,
confirmait cependant que les transformations impulsées par la valorisation de
la recherche universitaire, tout en étant fortement souhaitées dans les
universités, n'ont pas été celles que recommandaient les participantes et
participants au premier colloque. Principalement associée à l'innovation dans
les politiques gouvernementales, devenue une pièce maîtresse du système
d'innovation des gouvernements québécois et canadiens, la recherche
universitaire a vu son financement de plus en plus soumis à des orientations
compatibles avec les politiques économiques. L'avenir du Québec, et du
Canada, passant désormais par une certaine conception de la prospérité, les
universités et leur corps professoral furent encouragés à développer leurs
recherches afin de satisfaire des attentes de plus en plus ciblées et modelées
sur les intérêts commerciaux.
Au Québec, cette tendance s'est d'ailleurs mise en
place dès 1999 avec la scission de la responsabilité administrative du
gouvernement à l'égard de l'enseignement et de la recherche universitaires,
puis avec le déplacement de la recherche universitaire sous la responsabilité
d'un ministère à vocation économique. La recherche universitaire relève
présentement du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de
l'Exportation.
Par ces décisions, le gouvernement québécois, à
l'image de son homologue fédéral, a encouragé, voire invité, les entreprises à
prendre place dans les instances décisionnelles des universités. Cette
première étape a entraîné un réordonnancement des priorités internes avec une
relative déclassification des finalités académiques par les objectifs
financiers et bureaucratiques. La présence de plus en plus répandue et
significative de gestionnaires n'ayant aucune expérience du travail académique
ou intellectuel, mais plutôt férus de procédures bureaucratiques contribue à accroître
la prédominance des finalités autres qu'académiques dans la prise de décisions
et dans la gestion courante des universités. L'incitation à une gestion
financière et bureaucratique dans les universités est également accrue alors
que celles-ci connaissent une insuffisance de leur financement de base, des
hausses de budgets sous forme de fonds dédiés aux infrastructures de recherche
et à des objets de recherche ciblés et des initiatives qui se développent en
partenariat.
Les conséquences sur les universités et sur le corps
professoral ont été importantes et surtout inquiétantes au regard de la
préservation des missions fondamentales des universités. Par
l'orientation donnée aux universités au moyen de politiques qui les acculent à
favoriser des pratiques de plus en plus calquées sur celles du secteur
commercial, les gouvernements sont-il en train de forcer la transformation des
universités afin d'en faire essentiellement des entreprises concurrentes et
productivistes insérées dans un secteur éducatif commercial, en somme en faire
des universités entrepreunariales?
En aucun cas, la FQPPU n'approuvera que l'approche
entrepreunariale soit imposée aux universités.
Le caractère public de la connaissance et le rôle
spécifique des universités en matière de production et de transmission de la
connaissance supposent des modes de fonctionnement qui s'accordent aux
exigences de l'apprentissage et des processus de recherche. Ces derniers ne se
réduisent pas à des normes quantitatives, et encore moins budgétaires, ni pour leur
mise en œuvre, ni pour leur évaluation. Un rapprochement trop étroit
entre deux univers construits sur des bases essentiellement différentes, en
particulier dans le contexte actuel où toutes les dimensions de la société sont
menacées de soumission à des paramètres financiers, paraît particulièrement
imprudent.
Des collaborations et des partenariats sont certes
possibles, parfois souhaitables, mais expressément à la condition de préserver
les valeurs fondamentales des universités. Cela est possible dans la
mesure où elles sont correctement financées pour leurs activités de base et
prémunies contre les pressions de nature commerciale qui résultent d'un
sous-financement chronique.
Les finalités et les valeurs dites traditionnelles du
milieu universitaire demeurent, selon la FQPPU, les mieux à même de préserver
la place et le rôle des universités même dans le cadre d'activités menées en
collaboration ou en partenariat. Les critères devraient, selon la FQPPU,
être clairs et explicites, annoncés dans les politiques institutionnelles et
inscrites dans les pratiques internes des universités. On constate présentement
un vide normatif en ce qui a trait aux liens avec les entreprises privées. Il
est urgent que les universités établissent les conditions dans lesquelles elles
sont prêtes à s'engager dans des partenariats afin d'éviter des engagements
opportunistes ou des « occasions d'affaires ».
Par ailleurs ne serait-il pas préférable d'encourager
les entreprises commerciales qui souhaitent soutenir des activités
universitaires, d'apprentissage ou de recherche, à le faire d'abord par des
contributions financièrement désintéressées d'un but précis? La fiscalité
générale paraît le moyen le plus adéquat d'y arriver. Aussi, les
campagnes de financement des fondations pourraient encourager les contributions
sans attache spécifique à des programmes qui instituent des déséquilibres entre
les domaines de la connaissance.
Conclusion
La FQPPU considère de première importance d'éviter que
les finalités d'une institution aussi fondamentale que l'université pour le
développement de la société ne soient dictées par des impératifs à court terme,
voire des moyens qui la détournent de l'exercice de ses missions. Elle
considère cependant que les universités et les universitaires doivent connaître
les attentes sociétales et les analyser avec la distance critique qui sied à
leur rôle dans la société afin d'y répondre dans le meilleur intérêt de la
société. Pour ce faire, des conditions de financement, d'autonomie, de
liberté académique et de collégialité sont essentielles.
Elles
permettront d'ailleurs aux universités et à celles et ceux qui sont au cœur de
l'accomplissement des missions universitaires de répondre aux attentes de la
population québécoise qui en assume collectivement le financement.
Cependant la FQPPU s'interroge sur les formules généralement retenues pour
inviter les universités à rendre des comptes sur leurs activités. « La
compétitivité et l'instrumentalisation du savoir, de même que les politiques
d'embauche ciblées qui en découlent, menacent grandement le rôle culturel des
universités, qui exige une vision plus large que celle qui prévaut
actuellement. Les universités sont souvent sommées d'être imputables, exigence
toujours perçue – et à tort – sur un plan pécuniaire ; mais
elles assument également une autre forme d'imputabilité, celle qui consiste à
répondre, par devers la société présente et future, de leur rôle
culturel. »7
La FQPPU reconnaît que le principal « danger » auquel
les universités sont présentement confrontées concerne la conjugaison de deux
tendances : la domination de la sphère marchande sur toutes les activités
de la société et la globalisation comme seule manière de penser l'avenir des
systèmes. Le postmodernisme a décrété la mort des grands métarécits
(christianisme, marxisme, etc.) ; mais il ne faut pas sous-estimer
l' « économisme » comme nouveau dogme collectif, d'autant plus
dangereux que l'on croit désormais disparues les grandes idéologies rassembleuses.
En effet, la structure de pensée, souvent hégémonique, liée aux grands
impératifs économiques (compétitivité, performance, mesurabilité, etc.) tend à
s'imposer comme cadre global d'interprétation, dont les effets risquent d'être
délétères sur l'institution universitaire si elle y adhère sans la distance
critique qui assure son autonomie et sa liberté.
Afin d'élargir la question, il importe de poser toutes
ces questions sur l'université dans le cadre élargi de la mondialisation et des
pressions pour inclure les services – éducatifs en l'occurrence – dans le cadre
réducteur des échanges économiques. Fortement internationalisées et tirant en
partie leur qualité de la circulation des connaissances, de l'ouverture des
professeures, professeurs et étudiantes et étudiants sur le monde et de leur
mobilité, les universités sont confrontées aux espoirs que fait miroiter
l'utilisation commerciale de ces caractéristiques et avantages.
Reconnaissant comme particulièrement dangereux le fait d'inscrire les universités
dans une dynamique commerciale parce que cela minerait la qualité,
l'accessibilité et l'intégrité de leur mission, la FQPPU exige l'exclusion de
l'enseignement et de la recherche universitaires de toute négociation dans le
cadre de l'Accord général sur le commerce des services (AGCS).
L'inclusion de l'enseignement et de la recherche universitaires dans l'AGCS
aurait comme résultat de restreindre la capacité du gouvernement québécois (et
canadien) de légiférer pour le maintien de services répondant aux valeurs
énoncées plus haut. Toute réduction du droit des États de décider de
politiques intérieures à l'égard des services publics aurait, selon la FQPPU,
des effets désastreux sur l'avenir social, culturel, politique, voire
économique de la société québécoise.
Cet avis du Conseil supérieur de l'éducation sur
l'institution universitaire arrive à point au moment où le gouvernement
s'engage dans un réinvestissement fortement attendu par toute la communauté
universitaire. Il permettra sans doute de mettre en valeur des positions
soutenues par la FQPPU au regard de l'idée d'université et des valeurs à
préserver pour assurer son intégrité. Nous estimons en effet que la réflexion
menée depuis plus de quinze ans, sous l'égide de la FQPPU, par les professeures
et professeurs des universités du Québec dans le but de mettre en lumière les
valeurs auxquelles ils croient, et que nous avons traduites ici, doivent
soutenir toute action future qui touche le devenir de cette institution unique
dans notre société qu'est l'université.
En conclusion, on peut se demander ce qu'il importe
maintenant de faire, si l'on souscrit à ces grandes orientations qui
caractérisent les universités. Cette question du faire est, pour une bonne
part, celle des politiciennes et des politiciens et des autres dirigeantes et
dirigeants qui ont pour responsabilité de transférer en politiques le rôle et
les valeurs attribuées à l'université. Leur imputabilité propre consiste à
inscrire ces valeurs dans des choix concrets qui sont toujours porteurs de
sens. La FQPPU, comme voix des universités québécoises, exprime dans ce
document plus de quinze années de réflexion collective sur nos institutions.
Les professeures et les professeurs, dans les diverses instances auxquelles ils
participent, contribuent à la pérennité de nos universités dans ce qu'elles ont
d'essentiel à la vie de notre société ; nous souhaitons donc que les
autres acteurs qui participent au gouvernement de ces institutions prennent
acte des grandes volontés qui ont été présentées dans le présent document et
qu'ils les traduisent en politiques concrètes.
Références
Positions de la FQPPU :
Pour un financement de base des universités : des
transferts fédéraux à la hauteur des besoins, octobre 2005.
Les enjeux entourant la qualité, l'accessibilité et le
financement des universités au Québec - La société québécoise et l'Université :
miser sur notre avenir, mémoire
présenté à la Commission de l'éducation - 2004.
Position adoptée lors du Congrès 2003 concernant le
travail professoral -
mai 2003
Le savoir universitaire au coeur de la société, thématique du Congrès de mai 2001 publié en avril
2003.
Le lien enseignement-recherche à l'Université, mai 1999 publié en 2001.
L'Université comme Service Public, mai 1997.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire